Toshiba, un groupe en crise permanente depuis 2015
Admin FCE
12 nov. 2021 – 10:10

Ancien fleuron industriel et technologique japonais dont les racines remontent à la fin du 19e siècle, Toshiba, secoué par des turbulences depuis plusieurs années, a annoncé vendredi son intention de se scinder en trois pour maximiser sa valeur.Voici les grandes étapes de la saga mouvementée du groupe depuis 2015.2015: scandale des comptes truquésEn avril 2015, Toshiba évoque des soupçons d’erreurs dans ses comptes, avec des pertes sous-évaluées dans des projets d’infrastructures.Le scandale grossit les mois suivants: les comptes ont été enjolivés de plus d’un milliard d’euros au total dans plusieurs divisions entre 2008 et 2014.L’action Toshiba s’effondre. Son PDG démissionne et une profonde restructuration est lancée fin 2015, avec plus de 10.000 suppressions de postes dans le monde pour le groupe, qui compte près de 200.000 salariés à l’époque (environ 117.000 actuellement).2016: cessions et nouveaux soucisObligé de se renflouer rapidement, Toshiba multiplie les cessions d’actifs. Il vend notamment à son compatriote Canon son activité d’équipements médicaux et le gros de son activité dans l’électroménager au chinois Midea.Le groupe subit malgré tout une perte nette équivalente à 3,8 milliards d’euros sur son exercice 2015/2016.Fin décembre, Toshiba annonce de possibles dépréciations se chiffrant en milliards de dollars liées à sa filiale américaine d’équipements nucléaires Westinghouse.2017: la débâcle WestinghouseWestinghouse est mise en faillite fin mars. Les énormes dépréciations liées à son naufrage infligent à Toshiba une perte nette record de 7,5 milliards d’euros en 2016/17. Le groupe risque d’être radié de la Bourse de Tokyo s’il ne redevient pas solvable rapidement.Toshiba se résout à vendre son joyau, sa filiale de puces-mémoires Toshiba Memory, mais la méfiance de son partenaire américain Western Digital/SanDisk freine le projet.Le groupe boucle en fin d’année une augmentation de capital équivalente à quelque 4,5 milliards d’euros. De nombreux fonds activistes étrangers s’engouffrent dans la brèche.2018: méga-cession de Toshiba MemoryLa vente de Toshiba Memory à un consortium mené par le fonds américain Bain Capital est bouclée le 1er juin pour 18 milliards d’euros. Toshiba rachète toutefois 40% de son ancienne filiale, rebaptisée Kioxia.Toshiba a auparavant échappé à sa radiation de la Bourse de Tokyo en vendant Westinghouse et des droits de créances sur cette société.D’autres cessions d’actifs et des restructurations supplémentaires ont lieu. NuGen, la filiale britannique de Toshiba dans le nucléaire, est liquidée, et le groupe ne reste dans l’atome qu’au Japon, où il est notamment engagé dans le démantèlement de la centrale de Fukushima Daiichi, ravagée par le tsunami de 2011.2019-2020: les activistes haussent le tonToshiba continue à assainir ses finances et à réformer sa gouvernance, avec désormais une majorité d’administrateurs externes.Mais d’autres scandales de maquillage de comptes éclatent dans des filiales, et les relations avec ses actionnaires activistes se détériorent.La crise devient ouverte après l’assemblée générale ordinaire du 31 juillet 2020. Soupçonnant des irrégularités durant cette AG, des actionnaires activistes réclament une enquête indépendante, mais Toshiba refuse.2021: offre de rachat, démissions et projet de scissionToshiba revient fin janvier sur le premier tableau de la Bourse de Tokyo, dont il avait été banni en 2017.Le 18 mars, un vote des actionnaires force la direction du groupe à accepter l’ouverture d’une enquête indépendante sur son AG de 2020.Le 7 avril, Toshiba annonce avoir reçu une proposition de rachat par la société de capital-investissement CVC Capital Partners qui valoriserait le groupe à près de 21 milliards de dollars, selon la presse.Le 14 avril, le directeur général de Toshiba Nobuaki Kurumatani est limogé. L’offre de rachat de CVC tombe à l’eau peu après.Le 10 juin, le rapport indépendant sur l’AG de 2020 est publié, concluant que Toshiba avait manoeuvré avec le ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie (Meti) pour empêcher certains actionnaires d’exercer leurs droits.Lors de l’AG ordinaire du groupe le 25 juin, les actionnaires rejettent la réélection du président du conseil d’administration Osamu Nagayama, un vote sanction rarissime au Japon. Satoshi Tsunakawa, devenu directeur général de Toshiba en avril, est nommé PDG par intérim.Le 12 novembre, Toshiba, pressé depuis longtemps par ses actionnaires de maximiser sa valeur, annonce vouloir se scinder en trois entreprises indépendantes afin d’améliorer leur valeur et leur compétitivité respectives.Ce projet nécessitera l’aval des actionnaires lors d’une AG extraordinaire prévue courant 2022, en vue d’une scission censée être réalisée dans la deuxième moitié de l’exercice 2023/24 du groupe. etb-mac/ngu

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© 2021 AFP

12 nov. 2021 – 10h07
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